Cette nuit c’est la pleine lune. L’astre rond brille fort et éclaire de façon douce les maisons alentours. Après avoir réconforté mon fils qui s’était réveillé, je me penche à la fenêtre pour sentir l’air frais de la nuit. Certaines étoiles brillent plus intensément que d’autres, piquant le drap noir du ciel de multitudes étincelles. Certaines forment des dessins, on reconnaît la grande ourse, rassurante repère dans l’immensité.
Un son à la fois doux et précis, répétitif, se fait entendre. Ce sont les feuilles de palme qui frottent sur le bitume. Accrochées à un manche en bois, elles servent de balais aux employés municipaux de la ville de Puerto de la Cruz. Discrets, efficaces, calmes, les deux personnes avancent chacun sur leur trottoir, et s’attèlent à ramasser chaque feuille, chaque mégot délaissé durant la journée par les touristes et locaux passés par ici.
Il fait nuit, les rues sont calmes, il n’y a pas âme qui passe ou qui se penche à la fenêtre, à part ces deux être qui accomplissent leur tâche patiemment, tranquillement. Frrrr, frrrr, frrrrr … seul ce léger son révèle leur présence. Nous sommes loin des souffleurs de feuilles bruyants des automnes parisiens.
Je pense à ces personnes qui se sont levées lorsque tout le monde dormait et qui accomplissent avec soin cet entretien de la ville, afin que chacun puisse en profiter le jour venu, lorsqu’eux, la tâche accomplie, rentreront se reposer après cette nuit, pour une détente bien méritée.
Merci, merci à ces agents de l’ombre, ces Marvels des temps modernes.