Biberonnés à l’école par la fable de la Fontaine, nous ne savons plus nous abreuver du plaisir sans la peine.
A trop vouloir amasser durant l’été,
Nous ne savons plus nous arrêter.
Encore un peu plus, quelques heures supplémentaires,
Et nous pourrons enfin nous en défaire.
Mais la peur au ventre de l’hiver,
Nos esprits butinent comme si nous étions en enfer.
Et si nous amassions un peu plus ? Encore un peu plus ?
Des fois que nous soyons pris au dépourvu !
Et ainsi l’Homme agglutine, stocke, remplit ses garages, ses heures de vie par un travail acharné.
Mais lui seul peut se déchaîner,
Ouvrir son cœur au moment présent, à la fleur qui s’épanouit au printemps.
« Les petites cigales » s’intitulait une boutique de bijoux dans les rues de Rambouillet.
Offrez-vous au plaisir de la beauté, de picorer tant qu’il ne fait pas trop frais.
Car la réserve pour « plus tard » se transformera un jour en « oh, trop tard… ».
Pierre Rabhi parlait de certains de ses confrères africains, qui une fois la mise venue,
Ne revenaient plus au travail, tant que ne fut dépensée la maille.
Entre peur du futur et insouciance de mauvaise augure,
Peut-être pouvons-nous devenir un être hybride,
Mi-cigale mi-fourmi,
Sachant faire des pauses et se contenter du juste assez,
Et parfois s’émerveiller et jubiler,
Afin que notre cœur et notre âme soient remplis,
Allégés d’avoir un instant lâché la bride.