Aujourd’hui je me suis allongée sur mon balcon au soleil, et j’ai regardé les nuages …
Qu’ils sont magnifiques, impressionnants, mouvant doucement. Ils semblent proches. Les ombres sont belles et dessinent des reliefs moutonnants. Je fixe un point de lumière qui s’éteint petit à petit. J’écoute la musique de Hans Zimmer et cela va si bien avec ce mouvement de gros coton blanc sur fond bleu. Je suis à un spectacle. J’ai l’impression d’être en première classe, allongée confortablement, regardant cette représentation gratuite depuis chez moi, inattendue, jouée en exclusivité et à domicile. C’est tout de même génial, malgré le confinement, je ne suis pas séparée de la culture. C’est un moment à la fois tout simple et transcendantal.
Je me dis que ce spectacle est accessible à tous, de n’importe où dans le monde, de n’importe quelle religion, de n’importe quel porte-monnaie. Qu’on habite dans une cité ou dans un pavillon, que l’on soit en Afrique ou en Europe, on peut lever la tête, et regarder le ciel. On peut admirer ce spectacle en même temps, à distance, sans besoin de Skype.
J’avais peur qu’il soit un peu trop lent ce spectacle, pour nos cerveaux qui ont l’habitude d’être surchargés et qui demandent toujours plus de stimulation. Mais non, le vent est assez rapide lui aussi, et il change les images au rythme de la musique. C’est beau, tout simplement.
Et là je me dis que l’important, c’est l’émerveillement.
S’émerveiller de ce qu’on a d’accessible, ici et maintenant, autour de nous. Sans rien faire ! On n’a rien besoin de produire, on n’a juste qu’à observer. La nature est très esthétique sans qu’on n’ait rien fait dessus.
Et là une silhouette noire d’un oiseau aux ailes déployées traverse l’image. Comme si le scénario était prévu, et cela crée un effet remarquable.
Je me rends compte aussi d’une multitude de petits moucherons ou insectes dont je ne connais pas le nom, qui virevoltent en tous sens, de façon saccadée en changeant régulièrement de direction de façon brute. Leurs ailes brillent avec les rayons du soleil, et ils font une danse sur plusieurs étages, chacun effectuant sa chorégraphie en solitaire mais l’ensemble crée un ballet ravissant, subtil, fin, lumineux. Je n’avais jamais remarqué leur présence.
Je me dis alors que c’est extraordinaire tout ce qu’il se passe par la fenêtre si on prend le temps de s’arrêter et de regarder. Il y a des surprises, il se passe des choses, et c’est différent à chaque fois.
Quelle chance j’ai de pouvoir assister à cela. Quelle chance j’ai de sentir cette vie autour de moi, en moi. C’est un cadeau magnifique. J’en suis reconnaissante.
Je regarde cette étoile qui me réchauffe le visage, et m’emplit de lumière. C’est grâce à ce soleil, à notre distance précise que nous avons avec lui, à notre petite planète qui tourne autour de lui, que nous avons autour de nous toute cette vie, ces plantes, ces animaux, ces humains. Ça ne tient à pas grand-chose. Et tout est là, ici, uniquement ici.
Le Paradis. Et nous en sommes les heureux élus.