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Fluctuations et émotions

Dans une interview, le philosophe Frédéric Lenoir nous dit que pour être heureux, la vertu la plus importante à cultiver est celle de la flexibilité, de l’adaptabilité. Car dans la vie tout est en mouvement, et l’Homme qui a peur de perdre ce qu’il a, a du mal à s’adapter aux changements.

Je suis d’accord avec lui sur ce point. Et j’y ajouterais une autre condition : il faut également une sécurité affective.

En effet, de nombreuses personnes ont appris à s’adapter à de gros changements, que ce soient des conditions de guerre, de catastrophes climatiques, ou des changements de structure familiale, des déménagements, etc … Ils ont appris à s’adapter, à faire avec, à survivre. Mais pour vivre véritablement, et nager dans ce courant avec allégresse, avec curiosité, avec plaisir, et non à contre-cœur, il faut avoir le cœur bien accroché, bien solidement construit, afin qu’il devienne sa maison, peu importe ce qui arrive, peu importe l’endroit où il se trouve et avec qui il se trouve.

Et pour cela, pour construire cette solidité affective, cette sécurité intérieure, la première matière à utiliser pour construire ce ciment, c’est l’écoute. L’écoute des émotions. Car il va y en avoir, des émotions qui vont traverser l’océan de ton cœur, parfois sous forme de grosses vagues, parfois sous forme de vaguelettes plus petites. Et les nier, ou les amenuiser serait dangereux, car elles finiront par produire un tsunami quelques années plus tard.

Une fois les émotions écoutées, le deuxième ingrédient est de s’autoriser à les laisser s’exprimer. Par écrit, par chanson, par peinture, … par oral, par vocales, par larmes … Le cœur est trop petit pour les porter toute une vie, il faut savoir les déposer sur le bord du chemin pour avancer plus léger vers le lointain.

Et enfin, accueillir. Accueillir ce qui advient avec bienveillance. Accueillir ces débordements avec empathie, compréhension, indulgence.

Et aimer, quoi qu’il arrive.

Aimer son enfant qui pleure pour une broutille, un feutre rouge qui ne marche plus. Mais derrière cette excuse prétexte, c’est l’émotion de la journée qu’il a besoin d’exprimer, c’est tout ce qu’il a ressenti à l’école, avec ses amis, en famille. C’est l’accumulation des interventions et activités des derniers jours. C’est le trop plein qui a besoin qu’on en prenne soin.

Alors, l’heure n’est pas de juger, de penser que ce petit évènement ne vaut pas tant de pleurs. L’heure n’est pas de s’agacer de cette émotion qui nous dérange. L’heure est d’accueillir, et d’être là. D’être ce rocher sur lequel le petit peut s’appuyer. D’être l’écuelle dans laquelle il peut verser son écueil.

Mais cela nous demande à nous-même d’être en capacité de créer ce cocon pour les émotions, à la fois doux et solide. Cela nous demande d’avoir au préalable écouté notre enfant intérieur, de l’avoir autorisé à exprimer les émotions du passé, de ne pas avoir eu peur de s’y projeter à nouveau, et de les accueillir pour mieux grandir.

Ainsi, délestés de nos poids, nous pouvons ouvrir grand nos ailes et laisser le vent nous porter au-delà de nos pensées. Après avoir pansé ses plaies, le plaisir peut à nouveau s’ouvrir.

Et quelle paix de voir ce petit sourire. Et notre âme d’enfant revivre.

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