Sur cette île volcanique, début mars, les Prunus sont en éruption florale. Prunus dulcis. Ces amandiers sont si étonnants, au milieu des agaves, cactus et palmiers !
Ils apportent de la légèreté, quelques touches de couleurs dans ce tableau principalement vert habituellement. Tels des pointillistes, ces fleurs viennent faire vibrer la composition d’ensemble. Leur délicatesse, sur fond de volcan, nous transportent dans l’imaginaire du Japon, pourtant si loin d’ici.
Le chant des oiseaux, absents l’été sur cette île, a repris de plus belle. Et les petites notes joyeuses résonnent derrière les buissons, avec de temps à autres un feu d’artifice de minuscules fusées se déplaçant à toute allure avec quelques branches dans le bec.
Les chats sont de sortie aussi, à l’affut dans les hautes herbes, soulevant gracieusement leurs pâtes à pas de loups, les oreilles tendues, le regard fixe.
Tels des encens, des vagues de parfum caressent les narines : eucalyptus, fruits de cactus chauffés au soleil, les sens s’éveillent.
Partout les cadeaux de la nature s’ouvrent, le duvet blanc entourant les bourgeons dévoile doucement une flamme jaune d’une pétale prête à rayonner comme le soleil. Ce sont des sortes de pissenlits géants, qui, poussant à foison sur les pentes du volcan, créent un amphithéâtre de lumières.
Au loin, l’horizon se dégage sur l’immense océan d’un bleu profond. Parfois même on aperçoit l’île d’en face, La Gomera. La promesse d’un autre Paradis.
Une abeille fait du sur place face au vent, une libellule géante nous accompagne quelques instants, et sur un rocher au soleil on croit voir apparaître quelques nymphes en train de discuter.
Un chemin entre les bruyères arborescentes aux troncs tortueux nous invite à explorer le bout du tunnel.
Et au loin quelques lambeaux de neiges subsistent encore au sommet du cratère du Teide.
Nous ne sommes que début mars, et déjà des coquelicots bien rouges parfum se déplient avec allégresse, ondulant de leur tige pour soutenir la tête lourde de leurs jupons encore froissés.
La Nature n’a pas choisi des nuances colorées harmonieuses et pastelles. Elle combine le rouge au violet d’Asters, avec des candélabres jaunes et des nuages d’inflorescences roses clairs. Peu importe, c’est coloré, joyeux, surprenant, comme un tableau ou une architecture d’Hundertwasser.
La roche elle aussi a son mot à dire, et elle apporte ses teintes rougeoyantes, noires et contrastées comme des trainées de gouache dans le paysage.
Dans ce tableau de senteurs, de chaleurs et de musicalité oisive, le cœur s’ouvre, l’enthousiasme renaît, et nous en ressortons pleins d’une énergie joyeuse et communicative.
Merci à tous pour ce merveilleux concert de couleurs !
Quelle belle écriture ! Elle donne envie ton île. Tiens, oui les coquelicots font couler de l’encre, force et fragilité qui touchent tout à la fois