Tout le monde n’a pas de jardin, mais on peut tous partir en voyage au bout de notre rue, explorer notre quartier, se perdre dans un parc, déambuler dans une forêt. L’aventure et l’émerveillement sont à portée de main, à portée de tous, autour de nous, gratuitement. Les publicités nous disent que pour les vacances, nous devons désirer la plage de sable fin et les palmiers, qui comme par hasard sont loin, très loin et donc chers, très chers.
Il fut un temps il était facile de voyager, il n’y a même pas 7 ans, on pouvait faire un aller-retour Paris-Ljubljana pour 50 euros. Aujourd’hui ce même billet coûte entre 250 et 300 euros. Légère augmentation … Il y a quelques années à peine, lorsqu’on voyageait on avait un plateau repas, une place pour notre valise, et même un verre de vin si on le souhaitait. Aujourd’hui pour avoir tout ce confort, il faut payer amplement plus cher, car sinon pour le même prix, que dis-je, pour le triple du prix, on doit bourrer notre sac à main dans notre sac à dos, s’acheter un sandwich dégueulasse à 10 euros à l’aéroport, s’entasser dans des bus sur le tarmac, accuser des retards voire des suppressions. Il arrive même parfois que la compagnie envoie un mail quelques jours avant pour signaler un changement d’horaire de départ, face auquel nous avons le choix entre annuler notre voyage, payer un autre billet dans une autre compagnie, et donc en dernière minute je vous laisse imaginer l’augmentation du budget, ou tout simplement rester pris en otage et suivre les horaires changeants au bon vouloir de la compagnie. Annulé le programme prévu, l’avion partira plus tôt. Je crois qu’avec mon salaire de jobs d’été d’étudiante et de babysitting je voyageais dix fois mieux qu’aujourd’hui avec un salaire de travailleuse en CDI.
Face à cet inconfort (je n’ai même pas parlé de la place pour les jambes dans les avions), il y a une alternative : le train. Quoi que … à moins de partir à 10h un jeudi matin et de rentrer un mardi soir à 23h, les prix des tickets sont maintenant ceux des billets d’avion. Et là encore, vous n’êtes pas sûrs de partir : aller, une petite grève de la SNCF le jour du départ en vacances !
Alors restons libres, ne nous offrons pas volontairement aux aléas stressants et coûteux, les vacances ne sont pas faites pour ça.
Allons explorer les curiosités de notre propre ville, changeons notre regard, comme le dit Sylvain Tesson, soyons à l’affut, comme le dit James Redfield, attendons-nous aux coïncidences, soyons attentifs à la beauté. Rencontrons de nouvelles personnes de l’autre côté de la ville. Sentons l’air du vent qui souffle sur notre peau, la chaleur des rayons du soleil, écoutons l’oiseau qui chante, une petite fille qui rit, trouvons de l’esthétisme partout où il y en a, même si d’autres ne le voient pas. Mettons-le en valeur, faisons un album photo de ces détails du quotidien, écrivons le récit de notre sortie chez l’épicier, racontons ce que nous avons découvert en changeant d’itinéraire.
Soyons les touristes de notre district, les explorateurs de nos cités et de leurs valeurs.
Certains dirons même que c’est plus écologique. Je dirais simplement que c’est plus pragmatique. Allons même jusqu’à en faire un voyage féérique.
Ne changez pas de billet, changez de regard.