Dans son ouvrage parlant de la panthère des neiges, Sylvain Tesson nous parle des yacks, qui tels les hommes ont troqué leur liberté contre la sécurité.
A cela je réponds : de quelle liberté parle-t-on lorsqu’il n’y a pas de sécurité ? La liberté de se faire dévorer à tout moment ? Certes la mort peut être une libération. Mais je ne suis pas sûre que l’inquiétude soit la meilleure des formes de liberté.
Ce n’est qu’une fois nos besoins primordiaux satisfaits, que nous avons notre soupe comme dit justement Sylvain Tesson, notre toit quotidien, que nous pouvons laisser libre court à nos pensées, que celles-ci sont libérées de toute contrainte et que nous pouvons notamment avoir le temps de les coucher sur papier.
Prenons un exemple : pendant des millénaires les femmes dépendaient de leur mari (et de son salaire) pour subvenir à leurs besoins. Aujourd’hui, maintenant qu’il est possible pour elles de travailler, de gagner leur vie, et grâce à l’Etat français, d’au moins toucher le RSA, elles ont ce filet de sécurité qui leur permet d’avoir la liberté de choisir leur bonheur, en décidant de vivre auprès de leur mari ou si la situation ne leur convient pas de divorcer. Cette liberté de choix est permise grâce à la sécurité dont elles peuvent bénéficier, ici en France tout du moins. Mais ceci est une sécurité relative, et donc une liberté conditionnelle également. Ce n’est pas avec un RSA qu’une femme peut subvenir seule aux besoins d’elle-même et de ses enfants. Et donc certaines femmes n’ont pas cette liberté encore aujourd’hui. Je parle de femme mais tout ceci peut être écrit pour un homme également, les temps changent, et parfois ce sont les hommes qui sont au foyer. En cela le concept de revenu universel d’existence basé sur un chiffre convenable prenant en compte la réalité d’aujourd’hui donne l’espoir d’une plus grande liberté pour chacun.
Il en est de même sur le plan professionnel. Il est certes possible de trouver un travail au SMIC, beaucoup de secteurs recrutent sans trouver chaussures à leur pied. Ce travail apporte une sécurité minimale, pour payer un loyer, pour assurer un minimum. Mais si l’on souhaite se réorienter, faire une formation, tenter l’expérience de l’entreprenariat, tout cela dans le but d’une plus grande satisfaction personnelle et professionnelle, afin d’exprimer ses talents, de mettre à profit ses compétences, eh bien ce temps de transition n’est possible qu’avec un filet de sécurité. Le loyer n’attend pas, le ventre non plus. Il est clair que cette transformation, ou du moins cette expérimentation, car on peut essayer sans réussir, serait facilitée avec un revenu universel d’existence.
A travers ces deux exemples transparaît la question : où se situe la liberté ? Dans le minimum syndical permettant de subvenir à ses besoins primaires, et dans ce cas la liberté est-elle simplement celle de vivre ou de survivre ? Ou bien dans la recherche d’une forme de bonheur, d’un épanouissement personnel, d’une élévation de l’esprit voire de la culture ?
A nous de décider, pays des droits de l’Homme et de la liberté, quelle liberté voulons-nous pour demain.