On s’indigne : « dans quel état allons-nous laisser la Terre à nos enfants ? »
Moi j’ai surtout l’impression que les personnes qui se posent cette question ont un fort besoin de se battre, d’exprimer une colère qui serait plutôt : « dans quel état avez-vous laissé MON monde ? » suite à une séparation des parents, un décès, un problème familial, un déménagement, …
Le sentiment semble tellement fort, tellement impliqué, qu’il me paraît faire référence à quelque chose de beaucoup plus personnel. A chacun sa raison, mais la Terre est un bon prétexte à défendre, un bon moyen « positif » d’exprimer sa colère de façon « juste ».
Mais concrètement, il s’agit simplement du monde tel qu’on le connaît qui se transforme. Le monde que l’on a connu petit, le Paradis de l’enfance qui s’éloigne.
Mais nous ne pouvons pas mettre la Nature sous cloche, la conserver comme un musée à un temps donné, à une période précise jugée comme idéale (sinon quelle période choisir exactement ?). Le monde est en mouvement, il évolue, certaines espèces disparaissent, d’autres apparaissent, certaines s’adaptent, c’est la loi de Darwin en action. Est-ce que l’Homme accélère tout cela ? Peut-être, et alors ?
Encore hier soir je lisais un livre sur les dinosaures à mon fils : toute cette faune et cette flore ont disparu, alors que l’Homme n’était pas encore là pour la faire disparaître, et en un temps record. Certaines espèces ont survécu, les crocodiles, les magnolias, … et le monde a continué, différemment. La Terre s’en remettra toujours.
Par contre, maintenant qu’on a mis de côté la religion chrétienne en Europe, avec la culpabilité du péché, la peur de l’Enfer et la promesse du Paradis, l’écologie nous donne une nouvelle religion qui remplace ce vide existentiel : la peur de la fin du monde tel qu’on le connait, la culpabilisation de masse par la pollution, qui donne des critères clairs de bien et de mal : « diesel » = « maaaal ! » et « vélo » = « bieeeennn! » comme dans le film Le Pari des Inconnus sur l’arrêt de la cigarette.
Alors oui, je mange dans la mesure du possible des produits bios et locaux, mais pas par peur, ni par injonction, uniquement parce que les produits bios sont bons pour ma santé, et qu’il paraît plus logique et pragmatique de soutenir l’agriculteur local par solidarité, sens pratique paysan et respect.
Derrière la planète, c’est plutôt l’Homme que nous voulons sauver.
Il y aussi une certaine peur de perdre ce que l’on avait, ce que l’on a acquis, comme des droits sociaux. Mais je trouve qu’au lieu d’être portés par la crainte, par le côté alarmiste, il faudrait plutôt être portés par l’envie de partager, de créer, d’évoluer. N’ayons pas peur de perdre car le changement passe toujours par un deuil du passé, mais soyons plutôt portés par un avenir joyeux. Ayons une vision, racontons-nous une nouvelle histoire, comme le dit Cyril Dion.
Visualisons le monde dans lequel nous voulons vivre, donnons une direction et nous nous en rapprocherons petit à petit.
Pensons plutôt à continuer de nous améliorer, à continuer de faire évoluer notre espèce, à évoluer personnellement, pour nous rapprocher de notre idéal.