Aller au contenu
Accueil » Défendre une cause

Défendre une cause

L’important n’est pas la cause défendue, mais la façon dont elle est défendue. Revendiquer quelque chose, dénoncer quelqu’un, s’élever contre un système ou défendre une idéologie… j’ai toujours eu un sentiment ambivalent vis-à-vis des personnes à conviction.

D’un côté, je les admire, elles disent haut et fort ce qu’elles pensent, et de l’autre je trouve cela adolescent, réactionnaire et donc en lien avec ce contre quoi ils luttent, en ré-action et non pas en action libre et indépendante. En effet que se passera-t-il quand l’heure aura sonnée de la fin de ce contre quoi on lutte ? Serons-nous heureux ? Je ne le pense pas. Généralement c’est l’action de lutter, le sentiment jouissif d’être à contre-courant et donc unique, que l’on recherche. C’est le processus qui nous fait plaisir et apporte une image flatteuse de nous-même, de rebelle, de précurseur.

Alors quelle cause vaut le coût d’être défendue ?

Finalement peu importe, ce n’est pas la cause qui compte mais le fait de s’élever, de se faire entendre, d’exister, de dominer. C’est la lutte qui est importante, gratifiante, la victoire si elle arrive ne dure qu’un temps très court, en attendant la prochaine lutte.

C’est une façon d’exprimer sa rage, sa colère.

S’indigner, c’est ne pas accepter une réalité. C’est le point de départ du vrai changement. Alors certes nous avons besoin de cela pour faire avancer les choses. Et en même temps je crois que les gens qui s’indignent d’une chose trouveront toujours un sujet pour continuer de s’indigner. Alors est-ce grâce à ces personnes que le monde bouge ? Sûrement, au passage. Mais je crois que l’état de rébellion est surtout une façon d’être et de vivre, un besoin pour ces personnes. L’origine ? Chacun doit avoir ses raisons, une thérapie sera mieux à même de les trouver que moi.

Faut-il éteindre ce feu ? Je pense que certaines personnes peuvent accéder à l’acceptation, cette forme de sagesse. Et je pense que d’autres ne le peuvent pas ou tout simplement ne le veulent pas (ce serait disparaître, ne pas exister, car accepter est un peu se taire).

Finalement la question est celle de la joie et du bonheur de l’individu : va-t-il être heureux dans la sagesse de l’acceptation, ou dans la force du combat ? Les deux semblent possibles. C’est donc une question de choix.

Et finalement lorsque ce feu anime une personne, il peut là aussi y avoir un choix : faire entendre ses revendications dans la violence et la destruction, ou par l’art, la création.

Dans ce dernier cas ce qui est intéressant c’est que la colère, le combat, peuvent être source d’une vraie beauté, d’une vraie avancée, de quelque chose d’incroyable. Je ne sais pas si cela peut servir la cause, quoi que je pense que cela puisse bien mieux la servir que par les moyens de la destruction, mais surtout cela sert la cause de celui qui crée, qui trouve un terrain d’expression de son fort intérieur. Et en cela c’est déjà bénéfique. Mieux, il peut inspirer d’autres personnes. Mais je pense qu’il faut garder l’humilité de comprendre que tout ceci n’est pas fait de façon angélique et salutaire, pour le bien de tous, mais que cela part d’abord d’un sentiment personnel d’un individu, qui ensuite peut avoir des répercussions positives autour (et tant mieux). Cela contribue d’ailleurs à donner encore plus de joie à la personne créatrice.

Tout cela pour dire que finalement l’important n’est pas la cause que vous défendez, car il s’agit simplement d’une opinion (qui peut être partagée par d’autres), mais rarement d’une universalité. Ce qui est important c’est la façon dont vous la défendez.

Au final ce que j’admire, c’est la personne animée par ses convictions, son authenticité, ses talents (d’écriture, d’interprétation, d’esthétisme, de peinture,…). Son point de vue peut être critiqué, non partagé, mais je reste toujours admirative des gens qui exposent leur opinion ou vision avec intelligence, savoir, finesse, esthétisme et talent. Dans tous les cas la forme peut être saluée, pour le travail, pour la réflexion qu’elle a suscitée.

Donc c’est cela que j’admire : lorsque la forme est juste, à la croisée de la beauté, du sens, de l’authenticité et du talent.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *