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Le changement

La vie est en mouvement, c’est une phrase que l’on entend souvent. Avec le mouvement, s’accompagne le changement.

Et le changement souvent fait peur.

Tant que ça ?

Si on y regarde de plus près, nous pouvons aimer le changement, le désirer même. Car le changement c’est la surprise, la nouveauté, la découverte ! Lorsque tout est morne, lorsque le quotidien est répétitif, nous avons envie de changement. De quoi avons-nous envie ? De nous sentir vivants, de remettre du mouvement dans nos énergies, de nous ré-animer. De ressentir l’étincelle de la vie, de l’envie. Nous souhaitons nous reconnecter à ce qui pulse en nous, à ce qui nous égaye, à ce qui fait accélérer les battements de nos cœurs, un peu à cause de la peur oui, mais surtout grâce à l’envie, au sentiment d’excitation que l’on ressent avant de partir en voyage, curieux de découvrir de nouvelles contrées, que ce soient de nouveaux paysages ou de nouveaux sentiments, de nouvelles rencontres ou de nouvelles faces cachées de soi-même.

Cet élan, ce désir, ce qui nous pousse vers l’inconnu plein de questions en tête et de doutes dans le cœur, nous met en mouvement, nous fait passer de l’état statique à la marche, retrouvant nos instincts primaires de nomades. Nous sommes alors prêts à rencontrer le monde, prêts à s’égratigner de nouvelles sensations, à trébucher sur de nouvelles rencontres, et cela fait bouger nos lignes, nos courbes de croyances qui définissent un cercle bien protecteur autour de nous, et qui pourtant ont de temps en temps besoin d’être remaniées, assouplies, ou comprises.

L’esprit d’aventure qui peut alors nous gagner, nous rend attentifs, hyper-conscients de ce qui se déroule autour de nous. Cette ultra-vigilance dilatée dans ces moments de fougue avides de curiosités et d’émerveillements, peut aussi à long terme nous fatiguer, nous épuiser. Car cet état qui mobilise tous nos sens, puise beaucoup dans notre baluchon d’énergie.

Alors l’excitation du changement peut faire face à la peur, à l’inquiétude, aux doutes. Nous étions excités comme des adolescents partant en road trip, et après quelques heures de route la fatigue se fait sentir, et nous nous demandons si nous avons pris la bonne départementale, ou si nous n’aurions pas mieux fait de prendre l’autoroute. Est-ce que l’idée de partir si loin en vacance était une bonne idée d’ailleurs, qu’est-ce que nous allons bien chercher là-bas à l’autre bout du pays ? Et est-ce que nous avons assez d’essence, assez de biscuits pour les petits creux … Est-ce que tout le monde dans la voiture a toujours autant envie d’aller à cet endroit ?

La brèche est faite, et les inquiétudes et doutes s’y engouffrent de plus belle.

De quoi avons-nous besoin à ce moment-là ?

D’être rassurés.

Nous avons d’ailleurs souvent besoin d’être rassurés.

Alors nous recherchons ce sentiment de sécurité intérieure à l’extérieur de nous, dans le futur notamment. C’est pour cela qu’un quotidien bien réglé dans les normes de la société nous rassure tellement. On peut entendre ce genre de phrases : « On va acheter une maison, et comme ça on sera sûrs d’avoir un toit quand on sera vieux. » « On est rassurés d’avoir des enfants, car au moins quelqu’un pourra s’occuper de nous plus tard » « J’épargne pour au cas où si jamais j’aurai un pépin. » Je ne dis pas qu’il ne faut pas s’occuper de son avenir, je pense juste qu’il faut faire attention à ne pas se trouver enlisé dans des situations qui sont censées nous apporter un réconfort plus tard, alors que le besoin de sécurité intérieure est exactement dans le moment présent.

Pour ne pas ressentir ce malaise qui nous tiraille, nous calculons, nous nous organisons, nous nous projetons. Nous essayons de contrôler ce qu’on peut, un avenir peut-être, pour avoir l’impression de reprendre le contrôle de quelque chose.

Sauf qu’il s’agit de prendre en charge une émotion, une émotion dans l’instant présent, une partie de nous, peut-être même en échos à une partie de nous du passé, qui a besoin d’être prise dans les bras, de façon physique ou psychique, en tout cas émotionnellement.

C’est à nous de faire nos propres parents intérieurs, et de s’appuyer sur ce que nous sommes devenus, sur nos forces, nos expériences, pour apaiser cet enfant intérieur qui s’inquiète.

Je suis posé(e), je suis conscient(e), je comprends ce qui se joue, je regarde cette émotion, je ne la nie pas, je la prends en compte. Et je me rassure. Avec douceur, avec bienveillance, tel un rock, je m’étreins pour ne pas m’éteindre. Je rallume cette flamme et apporte de la chaleur à ce cœur qui en a besoin. Tout va bien. J’appose de la sérénité. Un voile de douceur sur les peurs et les rancœurs.

Je suis serein(e).

Je me fais confiance.

Je me fais confiance pour avancer, pour rester vigilant(e), pour continuer de mettre un pied devant l’autre, attentive, attentif.

Je sais que je peux compter sur moi. Je sais que je peux rejoindre cet espace en moi qui est solide, apaisé et confiant. Je sais que je peux me ressourcer auprès de lui. Je me sens fort(e).

C’est ici que peut s’amorcer le changement. C’est de là qu’il peut repartir si je me suis égarée ou fatiguée.

J’ai compris qu’il ne servait à rien de se jeter à corps perdu dans les calculs mathématiques, les pronostiques scientifiques et les extrapolations. Des pages Excel remplies de pragmatisme ne soulageront en rien un sentiment car nous ne travaillons pas sur les mêmes domaines.

Un frein émotionnel doit être traité sur le plan émotionnel.

Il y a tellement de fois où nous avions compris avec notre raison ceci ou cela, mais le cœur n’en n’avait que faire. Car lui n’avait pas compris, lui n’avait pas intégré le phénomène. Car le cœur et la raison ne parlent pas le même langage.

Alors pour soigner le cœur parlons avec le cœur. Car même si la raison dit que « tout va bien », « tu peux compter sur ceci ou cela », si l’information n’est pas digérée émotionnellement, cela va toujours bloquer quelque part.

Comment se reconnecter à une émotion pour lui parler avec le cœur ? Plusieurs façons de faire sont possibles, et j’imagine que chacun trouvera celle qui lui sera la plus appropriée. Pour ma part, de bon vecteurs sont la Nature, la musique, l’écriture, le dessin, la solitude, la rêverie. Pour d’autres ce sera la méditation, le sport, la peinture, la danse, la sculpture, la baignade, un bon bain chaud, un plaid et un thé, des bougies, … L’important est de créer les conditions pour se retrouver soi, et prendre du temps au calme pour regarder ses émotions, et dialoguer avec elles avec bienveillance.

Alors avec le sentiment de sécurité intérieure en baluchon, nous pouvons repartir à l’aventure avec confiance, joie et curiosité. Et ce baluchon c’est à nous de nous le confectionner, maintenant, ici. Sans remettre cette question à plus tard, sans déléguer le sentiment d’être rassuré à un futur hypothétique, dépendant d’éléments extérieurs très lointains. Abandonnons le « je serai heureux(se) quand … » et donnons-nous la chance de l’être dès maintenant.

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